Escapade ferroviaire d’automne : les trajets panoramiques pour en prendre plein les yeux
L’automne, c’est la saison parfaite pour ralentir. Le moment où les paysages se parent de cuivre et d’or, où le thermos remplace la canette, et où on redécouvre le plaisir simple de regarder le monde défiler par la fenêtre. Pas besoin de billet d’avion ou de road trip fatiguant : depuis Paris, on peut embarquer pour des trajets spectaculaires. Au programme : viaducs cévenols, vallées suisses, glaciers alpins, ou vignobles allemands. Des lignes où chaque virage mérite un arrêt photo. Bref, un article pour tous ceux qui aiment voyager sans courir, avec un plaid sur les genoux et les yeux grands ouverts.

La ligne des Cévennes : viaducs, tunnels et lumière d’automne
Si tu cherches un voyage qui sent la forêt et le vent frais, monte à bord du Cévenol. Cette ligne mythique relie Clermont-Ferrand à Nîmes et traverse les gorges de l’Allier, un coin de France que la route ignore complètement. Entre Langeac et Langogne, le train serpente au-dessus des rivières, franchit des viaducs et plonge dans des tunnels creusés au XIXᵉ siècle. On longe des falaises, des hameaux isolés, des forêts qui flamboient. Et à l’automne, quand les châtaigniers roussissent, c’est juste sublime.
Le petit plus ? Le train est un TER régulier, donc pas de siège panoramique hors de prix, juste un bon sens de la fenêtre (côté gauche dans le sens Nîmes → Clermont pour suivre la rivière). Moins connu que le Glacier Express, plus poétique qu’un TGV, le Cévenol est un vrai slow trip français.
Depuis Paris : prends un train direct pour Clermont-Ferrand (environ 3 h 30 depuis Bercy), puis enchaîne sur la ligne du Cévenol jusqu’à Langogne ou Alès. Tu peux faire un simple aller-retour ou combiner ça avec une nuit dans un gîte cévenol.
Pas besoin d’aller loin pour s’offrir une évasion lente et spectaculaire, juste un billet et un bon plaid.

Mont-Blanc Express : des gorges aux glaciers
Ici, chaque virage donne envie d’ouvrir la fenêtre (si seulement c’était permis). Le Mont-Blanc Express, petit train rouge mythique, relie Martigny (Suisse) à Chamonix (France) depuis plus d’un siècle. En 1 h 30 de trajet, il traverse la vallée du Trient, longe des forêts d’épicéas, franchit des gorges vertigineuses, et passe devant des villages alpins où le temps semble suspendu.
À l’automne, c’est un spectacle total : les sapins se mêlent aux feuillus dorés, les glaciers du Mont-Blanc brillent au loin, et la lumière du soir transforme tout en décor de film.
Depuis Paris : deux options. Le plus direct : le TGV Lyria jusqu’à Lausanne ou Genève, puis le train vers Martigny pour embarquer. Ou bien le TGV jusqu’à Saint-Gervais-les-Bains, puis une correspondance locale pour Chamonix.
Dans tous les cas, prévois appareil photo et bonnet : en novembre, les sommets sont déjà saupoudrés, et la magie opère sans filtre.

Le Train Jaune (dans les Pyrénées catalanes) : carte postale ensoleillée d’automne
Le Train Jaune, c’est le doyen des trains de montagne français, un TER liO lancé en 1910, toujours vaillant sur ses 63 km de rails suspendus entre Villefranche-de-Conflent et Latour-de-Carol, au cœur du Parc naturel régional des Pyrénées catalanes.
On y traverse des viaducs vertigineux, des plateaux baignés de soleil, et des villages perchés dignes d’un décor de film.
L’automne est une saison idéale : lumière limpide, peu de foule, et les forêts rouges et or des Cerdagne et du Capcir en fond d’écran. Par contre, ne te fie pas au soleil : ici, on flirte avec les 1 500 mètres d’altitude.
Depuis Paris : Tu peux prendre le TGV vers Perpignan (5 h environ), puis le TER jusqu’à Villefranche-de-Conflent. Vérifie bien les horaires saisonniers, prends ton pull le plus chaud… et laisse-toi bercer par ce petit train couleur safran.
Les escapades ferroviaires suisses qui tiennent leurs promesses
Si tu rêves de paysages alpins en format XXL, bienvenue en Suisse, pays roi du train panoramique. Ici, le wagon devient un belvédère.
Le plus célèbre ? Le Glacier Express, entre Zermatt et Saint-Moritz. Huit heures de pur spectacle, 291 ponts, 91 tunnels, et des panoramas mythiques comme le viaduc de Landwasser ou le col de l’Oberalp, à 2 000 mètres d’altitude. Réservation de siège obligatoire sur le train panoramique, mais chaque minute vaut la peine.
Autre star classée à l’UNESCO : le Bernina Express, de Coire (Chur) à Tirano. Il grimpe entre glaciers et lacs gelés, puis redescend vers l’Italie, entre palmiers et terrasses de café.
Et pour une option plus douce, le GoldenPass Express relie Montreux à Interlaken en 3 h 15. Lac Léman, Préalpes, chalets et vignes dorées : le cliché parfait de l’automne suisse.
Depuis Paris : Tu peux prendre un TGV Lyria vers Lausanne, Genève ou Bâle, puis une correspondance selon la ligne choisie. Petit conseil : réserve tôt. En octobre, les places côté fenêtre se vendent presque aussi vite qu’un chocolat chaud en gare de Zurich.

Allemagne : vallées du Rhin et de la Moselle : entre châteaux et vignes
Avis aux amateurs de panoramas façon carte postale : les trains allemands qui longent le Rhin et la Moselle sont un condensé de romantisme. Entre Koblenz et Mayence, le tronçon du Rhin romantique déroule tout ce qu’on imagine : châteaux perchés, vignobles en terrasses, villages pastel et le fameux rocher de la Lorelei. La voie ferrée suit fidèlement les méandres du fleuve, si près que certains wagons semblent glisser sur l’eau.
Plus calme mais tout aussi superbe : la vallée de la Moselle, sur la ligne régionale Koblenz–Trier. Entre deux tunnels, on aperçoit les toits de Cochem, les coteaux dorés et les boucles spectaculaires du fleuve. C’est court, photogénique et parfait pour un week-end d’automne.
Depuis Paris : prends un InterCity Express direct vers Francfort ou Cologne (environ 3 h 30), puis un train régional jusqu’à Koblenz. En octobre, les vendanges sont finies, les vignes virent à l’or et la brume matinale sur le fleuve transforme tout le paysage en décor de film.

Comment s’organiser depuis Paris ?
Avant de booker ton billet, choisis ton mood ferroviaire : plutôt montagnes et forêts (Cévennes, Mont-Blanc, panoramiques suisses) ou vignobles et fleuves (Rhin, Moselle) ? Les deux se font facilement depuis Paris, mais pas au même rythme.
Pour les trains panoramiques suisses, comme le Glacier Express ou le GoldenPass Express, réserve ton siège à l’avance, c’est obligatoire et les places partent vite. Même conseil pour le Train Jaune, dont les horaires changent selon la saison.
Pense au bon côté de la fenêtre (rive, vallée, montagne), et équipe-toi : couches chaudes, bonnet, batterie pleine pour les photos. Les lignes françaises et allemandes se prêtent bien à un week-end, mais pour les itinéraires suisses ou pyrénéens, un pont de 3 ou 4 jours te permettra de savourer sans stress… ni correspondance ratée.
L’automne, c’est la saison idéale pour ralentir et le train fait ça mieux que personne. Pas de GPS, pas d’embouteillages, juste des paysages qui défilent à la vitesse parfaite. Depuis Paris, on peut passer d’un viaduc cévenol à un col suisse enneigé ou à un méandre doré du Rhin en quelques correspondances bien pensées. Le secret d’une escapade réussie ? Fenêtres propres, siège réservé, thermos chaud et playlist lente. Le reste ? Il suffit de regarder défiler.
Béatrix Benoist d’Anthenay


